Depuis le début de l’année, Ernesto Suárez est le nouveau responsable de la région Fribourg-Jura-Neuchâtel.

En entretien, il nous raconte son parcours cosmopolite.

Mon parcours

Après ma naissance en Colombie, j'ai beaucoup voyagé en Amérique et dans les Caraïbes avec mes parents. Après ma scolarité obligatoire, je suis venu en Suisse pour suivre une école de langues. Finalement, je ne suis jamais reparti, et j'ai étudié les sciences économiques puis les sciences politiques aux Universités de Fribourg et Neuchâtel.

À l'issue de mes études, j'ai accepté un poste à l'Ambassade colombienne à Berne, où je travaillais aussi sur la promotion du processus de paix en Colombie. Comme la Suisse jouait un rôle de facilitateur dans ce processus, j'ai eu la chance de côtoyer le palais fédéral, des ministres etc. Mais après huit ans, ce travail extrêmement prenant a conduit à l'épuisement. Étant depuis toujours proche de l'Église, j'ai alors repris la responsabilité de la Maison de Notre Dame de la Route.

Durant cette période, j'ai eu le bonheur de me marier et d'avoir un enfant. Comme ma femme exerçait aussi un poste à responsabilité et après un passage par la condition de chômeur , j'ai alors décidé de prendre un emploi moins prenant, et j'ai rejoint la caisse chômage de Syna en 2012. Les cinq années que j'ai passées dans cette caisse de chômage m'ont permis de découvrir les syndicats et la culture des syndicats suisses. J'ai beaucoup aimé l'idée d'assister/soutenir des personnes qui ont besoin d'aide, ce qui est totalement en phase avec mes valeurs.

Puis mon fils a grandi, et j'ai pu reprendre un emploi plus prenant. Il y a six ans, j'ai eu l'opportunité de prendre un poste de secrétaire syndical, responsable du second œuvre et suppléant pour le gros œuvre. Ce que j'aime le plus, c'est le contact avec les membres, le fait d'aller sur les chantiers, d'échanger, d'apporter mon soutien. Je partage la souffrance, mais aussi les joies de nos membres. Enfin, il y a quelques mois, j'ai eu la chance d'être choisi pour succéder à Véronique Rebetez, partie à la centrale à Olten.

Mon syndicat

Dans ce nouveau rôle de responsable, j'aimerais éveiller la flamme d'un nouveau syndicalisme. Nous devons définir ce que nous attendons du syndicalisme dans 5, 10, 20 ans. J'aime Syna, c'est mon syndicat, mon syndicat de cœur. Il me ressemble car il a des origines chrétiennes, il a une dimension humaine : je connais les membres parce que j'étais à leur mariage, au baptême de leur enfant, pas par un numéro. Je définis Syna comme le syndicat de la raison. On négocie, on parle, on tente de trouver une solution, mais nous ne voulons pas que cela soit pris pour de la faiblesse. En latin, une phrase que j'aime beaucoup dit aut consiliis aut ense: «par la raison ou par l'épée». Chez Syna, on réfléchit, négocie, et on passe à la force que si c'est nécessaire.

Mon objectif est que Syna soit reconnu comme un partenaire social responsable qui défend avant tout les intérêts de nos membres, qui sont aussi nos principales ressources. Pour ces prochaines années, je souhaite consolider cette position de Syna. 

Mes valeurs

Dans mon travail quotidien, je m'appuie sur l'intelligence collective et la collaboration, je travaille en équipe avec mes collègues, mais surtout avec nos membres, je me considère une personne fédératrice. C'est pourquoi nous cherchons toujours à faire vivre le secrétariat, on y organise des séances, des formations (français, informatique, comment remplir une feuille d'impôt), pour que les membres prennent possession de ce qui leur appartient. Pour moi, les membres doivent être au cœur de toutes nos actions. De par mon parcours dans la diplomatie, j'ai appris à rester discret, à choisir mes mots et à choisir le cadre dans lequel mener des négociations. Puis, dans l'Eglise, j'ai appris la miséricorde, la compassion, l'importance de faire attention aux plus vulnérables. Chez Syna, j'ai appris la collaboration, le travail d'équipe. Le mot qui me décrit le mieux est HUMANISME : l'être humain avant tout, l'individu avant tout.